Génétique Limousine La docilité gouvernée par un même pool de gènes

L’agrandissement des troupeaux allaitants est une tendance forte de ces dernières années en France. La conséquence directe pour l’éleveur est un temps passé par animal plus court. Pour une question de rentabilité, il est donc important que l’efficacité de l’intervention soit optimale. Dans ce cadre, la docilité de l’animal prend tout son sens. « On définit la docilité comme la facilité d’acceptation des manipulations imposées par l’homme », expliquait en décembre dernier Haifa Benhajali (Inra/Institut de l’élevage).

La docilité comme critère de sélection

« Une sélection basée sur la docilité des animaux peut être un moyen d’améliorer le bien-être de l’éleveur et de l’animal. »  (© Terre-net Média)

À l’occasion des rencontres 3R, la chercheuse était venue présenter un poster sur une étude menée entre 2006 et 2008. Objectif : mettre au point un critère de sélection pour évaluer la docilité des bovins en ferme adapté aux conditions d’élevage français. Un tel critère permettrait de sélectionner les animaux sur leur docilité, permettant ainsi indirectement « d’améliorer le bien être des animaux et de l’éleveur », mais aussi de réduire le stress lors des manipulations.

Pour rappel, en France, il n’existe pas encore de tests en fermes. « Mais depuis 1990, des mâles limousin sont contrôlés sur leur comportement dans des stations de contrôle des reproducteurs en race limousine. » Malheureusement, ce test utilisé en station de contrôle sur descendance (Ndlr : test de docilité) est inapplicable en routine en ferme.

1.914 veaux testés

Pour cette étude, 24 élevages ont été recrutés par France Limousin Sélection à l’automne 2006. La semence de 12 taureaux d’IA a été diffusée dans ces élevages. Au final, 1.914 veaux nés entre août 2007 et avril 2008 ont été testés lors de deux passages en ferme, à l’âge moyen de 5 et 8 mois. Ont été observés : la réaction de l’animal pendant la pesée, face à l’homme immobile placé devant la bascule, le nombre total de mouvement, le nombre de mouvements brusques, la réaction globale sur une échelle de 1 (docile) à 5 (agressif), la réaction globale à l’approche du pointeur également sur une échelle de 1 (viens vers) à 5 (court) et 6 (charge).

Le nombre total de mouvements

Les résultats montrent que les critères testés sont gouvernés « par le même pool de gènes » aux deux âges et chez les deux sexes. Par ailleurs, toutes les mesures faites en contention sont fortement corrélées entre elles. Par contre, le score au pointage n’est pas lié aux critères mesurés en contention : « cela montre que différentes aptitudes comportementales sont évaluées entre la pesée et le pointage ».

Après analyse de ces résultats, il semble que le nombre total de mouvements durant la pesée soit « le critère le plus efficace à sélectionner ». Mais l’absence de corrélation entre le score au pointage et les critères mesurés en contention va nécessiter des études complémentaires plus fines pour établir des corrélations génétiques entre ces mesures effectuées en ferme et les critères comportementaux enregistrés à la station de contrôle sur descendance. « L’idée derrière est de désigner le critère de sélection le plus pertinent pour évaluer la docilité des bovins en ferme. »

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.